Carte de voeux 2002

 

 

 

Version haute résolution 2445 x 1748 pixels (216 Ko)

 

 

Conception

  • Prises de vue rue de Rivoli, avec un Minolta Dimage 7 (5 Mpixels) monté sur pied, le 1er janvier 2002.
  • Assemblage, retouches, équilibrage lumières et couleurs: Photoshop 4 et 5
  • Ordinateurs iBook et PowerMac G4

 

 

 

L'original...

Un couple s'embrasse en pleine rue, immobile dans le flot des passants et des voitures. L'homme vient de s'arrêter et embrasse fougueusement la femme qui s'abandonne à son étreinte, bras fléchi. L'homme est assuré, ne la tenant que d'un bras. Sur la gauche, au premier plan et de dos, un spectateur semble observer la scène. A la terrasse d'un café, il tient le rôle du voyeur dans lequel s'identifiera probablement l'observateur du cliché. Une femme va t'elle le rejoindre dans la chaise vide qui lui fait face ?

On peut trouver de nombreux contrastes dans la composition: l'immobilisme du couple face au mouvement de la rue, la fougue du baiser face à l'indifférence des passants, l'écharpe ondulante et le port de tête de l'homme qui embrasse face à la veste et au col soigneusement fermés de l'homme au bérêt sur la gauche, la masse sombre de l'hôtel de ville à gauche face au ciel dégagé à droite. Dans sa progression interrompue de la gauche vers la droite de la photographie, le couple semble progresser vers la lumière. Les ombres sont floues, témoignant d'un ciel voilé. On peut ici encore voir une opposition entre la grisaille environnante et ce couple qui semble rayonner.

La photographie semble avoir été prise avec une focale moyenne de l'intérieur d'un café qui a disparu aujourd'hui, tout comme a disparu le lampadaire si parisien derrière le passant au bérêt. La vitesse relativement lente souligne le mouvement de la rue grâce au passant à l'arrière plan.

Le Baiser de l'hôtel de ville est relativement connu dans le monde comme symbole de l'amour romantique à la française. Le cliché a fait récemment parler de lui lorsque des couples s'étant reconnus sur le cliché ont réclamé des droits. Demande qui fut rejetée par l'étude des négatifs, qui révèla une série importante de clichés identiques montrant que Doisneau avait fait appel à deux acteurs.

 

Vous remarquerez que j'aime bien Robert Doisneau, mais j'aime encore plus la série Palettes d'Alain Jaubert sur Arte. Ca rendrait bien avec la voix de Marcel Cuvelier :-)

 

 

 

Détails de la conception

Cette année, emménageant à deux pas de l'hôtel de ville, un petit clin d'oeil à Robert Doisneau (1912-1994).

Le premier janvier 2002 au matin, Nathalie et moi nous sommes rendus à l'endroit où avait été prise la photo originale de Doisneau, en 1950.
Premier problème: non seulement le lampadaire typiquement parisien avait disparu, mais il n'y avait plus de café à cet endroit. Les boutiques étant fermées, j'ai du prendre la photographie depuis le trottoir et employer une focale plus courte que Doisneau, ce qui fait que l'hôtel de Ville est plus visible sur mon cliché que sur l'original.
Second problème: la rue de Rivoli était déserte et nous n'arrivions pas à avoir un passant et une voiture à la fois sur un même cliché. Le froid ne nous permettant pas de nous éterniser, j'ai donc décidé de combiner ultérieurement plusieurs clichés par montage numérique sous Photoshop pour simuler l'affluence de la photo de Doisneau.
J'ai posé mon appareil photo numérique Minolta Dimage 7 sur un pied à environ 1 mètre du sol et me suis fait assister par Christophe Andréani pour appuyer sur le déclencheur et contrôler la position de mon étreinte avec Nathalie, photo de Doisneau en main. Christophe me servit d'ailleurs de modèle pour l'homme au bérêt, qu'on aperçoit sur la partie gauche de la photo.

Ensuite, sélection des clichés, montage de l'image finale sous Photoshop. L'utilisation d'un appareil photo numérique est vraiment pratique car cela évite l'attente du développement puis l'étape pénible de la numérisation du négatif (avec un scanner de film 35mm). Même si aujourd'hui, en 2002, la qualité des appareils photos numériques ne vaut pas celle d'un appareil photo argentique, cela me paraissait suffisant pour le résultat que je comptais obtenir.
Le montage des morceaux de clichés m'a révélé beaucoup de détails que je n'avais pas percu au premier abord sur la photo de Doisneau. D'abord, j'ai pris la photo de trop bas (Doisneau devait être 30 cm plus haut et la composition s'en ressent). Ensuite l'homme de dos à la terrasse du café est essentiel à la lecture de l'image. De plus, le mouvement de mon étreinte avec Nathalie n'était pas bon. Ma veste était aussi trop fermée et étriquée. Enfin, il manquait au moins un passant pour rendre la photo plus animée.
Mon but n'était pas de refaire exactement la photo de Doisneau au millimètre près (sinon j'aurai simplement incrusté mon visage dans la photo originale) mais de retrouver l'esprit de tous ces détails qui rendent sa photo percutante. Plus je l'observais, plus je la trouvais épatante. Et plus je me rendais compte de la pauvreté de ma composition initiale. Ci-dessous, mon premier montage, au détourage imparfait, avec des zones grises pour réséquilibrer la photo.

J'ai donc refait une série de photos dans le 17ème, près de mon bureau, le lendemain midi en mangeant mon sandwich. D'abord le spectateur-voyeur à la terrasse de café. Mais par ce froid de canard, personne n'est sur une terrasse ! J'ai donc pris une chaise et une table vide en désespoir de cause. Et j'ai décidé de remplacer le spectateur-voyeur par un sapin de Noël. Le sens n'est vraiment pas le même mais au moins cela évite d'avoir un vide dans le cliché... Enfin, j'ai mitraillé les passants rue de Lévis pour avoir un passant à placer sur la droite de la photo.

Armé de cette seconde vague de clichés et d'une meilleure lecture de la photo originale de Doisneau, j'ai terminé le montage sous Photoshop en arrangeant tant bien que mal les détails que je n'avais pas percu initialement. Mais je tiens à préciser qu'il n'y a pas de performance à savoir faire du montage photographique numérique. Je pense que si j'avais eu plus de temps, au lieu de triturer mon image sous Photoshop, je serai redescendu rue de Rivoli pour refaire le bon cliché du premier coup, quitte à rester deux heures au même endroit comme l'a probablement fait Doisneau.

Un dernier réequilibrage des lumières pour faire ressortir le sapin, détacher le visage de Nathalie, renforcer le côté dramatique de la facade de l'Hôtel de Ville...

Je tiens à remercier Nathalie, ma compagne, pour avoir eu la gentillesse de rester cambrée un bon quart d'heure dans mes bras (elle est plus grande que l'actrice de la photo de Doisneau). Je remercie Christophe Andréani, toujours fidèle pour rendre service et qui n'a pas manqué de professionnalisme pour ressembler à son modèle.

 

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